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European Respiratory Journal
Cancers des non fumeurs et profil mutationnel selon qu’il y a ou non exposition au tabagisme passif.
L’hypothèse de cette article français récemment publié par Sébastien Couraud au nom de l’IFCT, est que, parmi les cancers des non fumeurs, les tumeurs des patients exposés au tabagisme passif auraient un profil mutationnel « smoker like » (KRAS, BRAF ou PIK3CA) à la différence de celui des non fumeurs non exposés au tabagisme passif qui auraient un profil différent (EGFR, HER2 et ALK).
Cette étude a été réalisée à partir de la cohorte BioCAST/IFCT-1002 conduite dans 75 centres français.
Le tabagisme passif était auto-déclaré. Il était retenu lorsque la personne vivait dans la même maison ou travaillait dans la même pièce fermée qu’au moins un fumeur pendant au moins un an. L’exposition totale était définie par le fait d’avoir déclaré avoir toujours été exposé au tabagisme passif, au domicile ou au travail. Les patients exposés depuis avant 18 ans étaient aussi comptabilisés. Le nombre de fumeurs responsables du tabagisme passif était également indiqué.
Sur 334 patients présentant des données complètes, 219 ont déclaré avoir toujours été exposés au tabagisme passif. Au moins un des 6 biomarqueurs recommandés par l’INCa a été testé chez 313 patients.
Aucune différence significative de profil mutationnel n’a été observée entre les patients exposés ou non au tabagisme passif (tableau ci-dessous).
Pourcentage de résultats positifs | Tabagisme passif | |
Non exposés | Exposés | |
EGFR | 46 | 41 |
KRAS | 7 | 7 |
ALK | 13 | 11 |
HER2 | 4 | 5 |
BRAF | 6 | 5 |
PIK3CA | 4 | 2 |
Des analyses plus fines incluant la durée d ‘exposition, la période d’exposition (enfance ou non), le type d’exposition (professionnelle ou domestique) ont été réalisées : aucune différence significative n’a été mise en évidence.
Les résultats de cette étude sont particulièrement intéressants. Ils n’incitent pas à penser que le tabagisme passif est la seule cause des cancers des non fumeurs exposés au tabagisme passif. A retenir toutefois qu’ils sont différents de ceux d’autres publications, comme par exemple une étude coréenne publiée dans le Journal of Clinical Oncology il y a 5 ans qui montrait au contraire un profil EGFR des fumeurs exposés ou non au tabagisme passif très différent : les patients exposés au tabagisme passif avaient un taux de mutations EGFR à 38 % alors qu’il était à 61 % chez ceux qui ne l’étaient pas (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20008630).
Reference
No impact of passive smoke on the somatic profile of lung cancers in never-smokers.
Couraud S, Debieuvre D, Moreau L, Dumont P, Margery J, Quoix E, Duvert B, Cellerin L, Baize N, Taviot B, Coudurier M, Cadranel J, Missy P, Morin F, Mornex JF, Zalcman G, Souquet PJ; on behalf of the BioCAST/IFCT-1002 study investigators.
Eur Respir J. 2015 Mar 5. pii: ERJ-00973-2014. [Epub ahead of print]