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Journal of Thoracic Oncology
Afatinib pour le traitement des mutations non usuelles de l’EGFR : une étude de registre portant sur 693 cas.
Il y a près de 5 ans que nous avions commenté sur ce site les résultats de l’analyse des données de trois essais cliniques, Lux-Lung 2, 3 et 6, concernant l’activité de l’afatinib chez 75 patients qui avaient une mutation non usuelle de l’EGFR (cliquer ici).
Chez 38 patients qui présentaient des mutations ponctuelles et des duplications des exons 18-21, un taux de réponse de 71% et une durée de réponse de 11 mois étaient observés. Parmi ces patients, l’activité de l’afatinib a été particulièrement intéressante chez les patients qui avaient une mutations G719X, L861G et S768I puisque ces patients avaient sous traitement des survies sans progression respectivement à 13,8, 8,2 et 14,7 mois. En revanche chez 14 patients qui avaient une mutation Thr790Met de l’exon 20, et chez 23 qui avaient une insertion de l’exon 20, les taux de réponse n’étaient que de 14 et 9%.
Cette nouvelle étude, dont les résultats sont présentés ici, est basée sur l’analyse d’une base de données constituée prospectivement par Boehringer Ingelheim à partir de divers programmes initiés entre le début du développement de l’afatinib et 2019.
Les 693 patients de cette base de données étaient classés en 4 groupes :
- Mutations T790M,
- Insertions de l’exon 20 (T790M négatif),
- Mutations non usuelles majeures G719X, L861G et S768I (T790M négatif et sans insertion de l’exon 20),
- Autres mutations ne comportant aucune des précédentes.
Une cinquième catégorie (composée) a été secondairement crée qui comprenait les patients ayant au moins 2 mutations non usuelles.
Les taux et durées de réponse sont indiqués le tableau ci-dessous. Ils sont montrés de façon séparée pour les patients ayant ou non reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase au préalable :
Patients n’ayant pas reçu de TKI | |||||
Type de mutation | N | Réponse (%) | Taux de contrôle (%) | Durée de réponse (mois) | |
Mutations non usuelles majeures | 110 | 60 | 91,8 | 17,1 | |
| G719X | 55 | 63 | 92 | 17,1 |
| L861G | 47 | 59 | 89 | 13,8 |
| S768I | 8 | 62 | 100 | NA |
Composée | 35 | 77 | 91 | 16,6 | |
Insertions de l’exon 20 | 70 | 24 | 82 | 11,9 | |
T790M | 25 | 6 | 19 | 4,7 | |
Autres | 23 | 65 | 87 | 9 | |
Patients ayant reçu antérieurement un TKI | |||||
|
| Réponse (%) | Taux de contrôle (%) | Durée de réponse (mois) | |
Mutations non usuelles majeures | 32 | 25 | 68 | 4 ,9 | |
| G719X | 19 | 10 | 63 | 10 |
| L861G | 11 | 45 | 77 | 4,4 |
| S768I | 2 | 50 | 100 | NA |
Composée | 21 | 28 | 76 | 16,7 | |
Insertions de l’exon 20 | 21 | 14 | 57 | 3,7 | |
T790M | 64 | 18 | 67 | 6,1 | |
Autres | 25 | 36 | 68 | 6,3 |
On retiendra de ce tableau que les résultats sont comparables à ceux commentés en 2015 avec des taux de réponse particulièrement élevés pour les patients qui ont des mutations non usuelles majeures et surtout quand ceux-ci n’ont pas reçu antérieurement d’inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR.
Le temps médian jusqu’à échec du traitement (TTF) observé chez les patients qui avaient des mutations non usuelles majeures était de 10,8 mois. Il était de 14,7 mois chez les patients qui avaient des mutations composées et seulement de 4,5 et 4,2 mois chez ceux qui avaient d’autres mutations non usuelles ou des insertions de l’exon 20.
Cette étude apporte donc la confirmation de l’activité de l’afatinib chez les malades qui ont des mutations non usuelles majeures et des mutations composées. Ces résultats sont à rapprocher de ceux publiés récemment et commentés sur ce site observés avec l’osimertinib (cliquer ici) qui montraient une activité importante sur les mutations non usuelles majeures G719X, L861G et S768I avec un excellent profil de toxicité.
Reference
Afatinib for the Treatment of NSCLC Harboring Uncommon EGFR Mutations: A Database of 693 Cases.
Yang JC, Schuler M, Popat S, Miura S, Heeke S, Park K, Märten A, Kim ES.
J Thorac Oncol 2020; 15 : 803-81