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Journal of Thoracic Oncology
Efficacité de l’immunothérapie dans les carcinomes sarcomatoïdes d’origine bronchique : une étude rétrospective française.
Les carcinomes sarcomatoïdes d’origine bronchique sont des tumeurs rares, caractérisées par une agressivité importante, un temps de doublement cours, une invasion vasculaire importante et une transition épithelio-mesenchymateuse prononcée. Son pronostic est sombre avec une médiane de survie globale d’environ 7 mois, et l’efficacité des traitements par chimiothérapie semble moindre que dans d’autres types histologiques. L’intérêt des inhibiteurs de point de contrôle immunitaires dans cette indication est mal connu mais l’importance du tabagisme, la forte charge mutationnelle de ces tumeurs, le haut niveau d’expression de PDL1 et la fréquence des mutations KRAS, pourraient laisser espérer une efficacité de ces molécules. Néanmoins, la perte d’E-Cadherine dans le cadre de la transition epithelio-mesenchymateuse pourrait entrainer une moindre efficacité de ces traitements.
La série Française multicentrique (42 centres) rapportée par Charlotte Domblides et coll. concerne 37 patients consécutifs traités par IO (majoritairement du nivolumab dans 86.5%) en deuxième ligne (54%) ou au-delà entre 2011 et 2017. La majorité des patients étaient de sexe masculin (73%), fumeurs ou anciens fumeurs dans près de 95% des cas. L’âge médian était de 63.2 ans (36.8–79.7). Tous les patients testés (n=19) sauf 1 étaient PDL1 positifs, avec un niveau médian d’expression de 70% (range 0-100%).
Le nombre médian de cycles d’IO administré a été de 10 (range: 1–32), permettant d’obtenir des réponses chez 40.5% des patients (n=15/37), avec un taux de contrôle de la maladie atteignant 64.8% (n=24/37). La médiane de PFS sous traitement par IO était de 4.89 mois (range: 0.3–35.7) avec un taux de PFS à 1 an de 15%. La médiane de survie globale est rapportée à 12.7 mois (range: 0.3– 45.7), et le taux de survie à 1 an était de 51.3%. Il est note une tendance à une meilleure survie en fonction du PS, mais de façon non significative. Une forte charge mutationnelle semble associée à une meilleure survie, avec une médiane à 18 mois versus 1.84 mois en cas de faible charge mutationnelle. Il semble exister également une meilleure efficacité en cas de statut PDL1 positif sans atteindre de seuil de significativité (à la fois en taux de réponse, en taux de contrôle de la maladie et en OS).
On note que 12 patients ont présenté une progression trop rapide pour pouvoir bénéficier de la première évaluation à 2 mois, 5 sont décédés sans pouvoir recevoir de traitement ultérieur.
En termes de toxicité, six patients (16.2%) ont présenté des effets indésirables, dont 3 ont mené à l’arrêt du traitement : Une hépatite auto immune de grade 2, et deux pneumopathies interstitielles de grade 2.
Il s’agit de résultats tout à fait intéressants qui semblent montrer une efficacité supérieure à celle de la chimiothérapie sur les données historiques de survie. L’association forte entre ce type histologique et le tabagisme pourrait expliquer la présence de nombreux néo antigènes qui servent de cibles aux IO. Deux tiers des patients avaient par ailleurs dans cette série des niveaux d’expression de PDL1 supérieurs à 50% (Ac 22C3) qui auraient pu, actuellement, les rendre éligibles à une IO en première ligne. A noter toutefois un taux important d’hyperprogression sans qu’il soit possible d’isoler des caractéristiques cliniques permettant d’exclure ces patients. Il serait donc très intéressant d’évaluer l’association IO et chimiothérapie chez ces patients.
Reference
Efficacy of Immune Checkpoint Inhibitors in Lung Sarcomatoid Carcinoma.
Domblides C, Leroy K, Monnet I, Mazières J, Barlesi F, Gounant V, Baldacci S, Mennecier B, Toffart AC, Audigier-Valette C, Doucet L, Giroux-Leprieur E, Guisier F, Ricordel C, Molinier O, Perol M, Pichon E, Robinet G, Templement-Grangerat D, Ruppert AM, Rabbe N, Antoine M, Wislez M.
J Thorac Oncol 2020; 15 : 860-866