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Journal of Thoracic Oncology
Spécificités des adénocarcinomes de la femme non fumeuse
Actuellement les cancers bronchiques féminins sont considérés comme l’équivalent des cancers masculins et pris en charge sans aucune distinction. Néanmoins, de nombreux travaux soulignent ses spécificités: présentation radioclinique, type anatomo-pathologique, réponse aux traitements anticancéreux et survie des patientes. De plus en plus de cancers bronchiques sont diagnostiqués chez des patients non fumeurs. La proportion de patientes non fumeuses est évaluée de 20 à 70% en fonction des caractéristiques géographiques. Notre hypothèse est que le cancer bronchique féminin chez les non-fumeuses est associé à une oncogenèse
originale. Les hypothèses, génétique (mutation EGFR, KRas) et hormonale (récepteurs hormonaux), sont renforcées par de nombreux travaux mais à ce jour aucune étude ne s’était intéressée de manière spécifique aux caractéristiques biologiques de la femme non fumeuse.
Le travail rapporté analyse certaines spécificités cliniques et pathologiques de la femme fumeuse et de la femme non fumeuse en focalisant sur les principaux gènes moteurs de l’oncogenèse (EGFR, KRas) et les facteurs hormonaux (récepteurs œstrogènes et progestérone) à partie de deux séries cliniques, l’une toulousaine et l’autre issue du PNES poumon (Programme National D’Excellence Spécialisée) soit un total de 63 patients non-fumeuses et 77 fumeuses (actives ou ancienne).
La population de femmes non-fumeuses est caractérisée par un âge plus élevé, une plus grande fréquence de cancer à composante lépidique. Surtout il est mis en évidence une répartition bien différente des anomalies génétiques et hormonales. Les femmes non-fumeuses se caractérisent par une plus grande rareté des mutations KRas et une plus grande fréquence des mutations EGFR et de l’expression des récepteurs hormonaux œstrogèniques REa. Enfin, une corrélation a été mise en évidence entre l’expression de REa et les mutations de l’EGFR.
Ces données soulignent l’originalité de l’oncogenèse du cancer bronchique chez les femmes non-fumeuses. La constatation clinique d’une corrélation entre les voies du RE et de l’EGFR avait déjà été faite in vitro et dans deux autres séries de patients (hommes et femmes). Ces données renforcent l’intérêt d’une inhibition spécifique de ces deux voies de signalisation et en particulier d’un traitement combiné. Cette hypothèse est actuellement testée dans un essai clinique (IFCT-1003-LADIE, http://www.ifct.fr) qui évalue l’intérêt d’associer un anti-œstrogène (fulvestrant) à un inhibiteur tyrosine kinase de l’EGFR dans les 2 populations mutées et sauvage pour l’EGFR.
Reference
Specificities of Lung Adenocarcinoma in Women Who Have Never Smoked.
Mazières J, Rouquette I, Lepage B, Milia J, Brouchet L, Guibert N, Beau-Faller M, Validire P, Hofman P, Fouret P.
J Thorac Oncol. 2013 Apr 19. [Epub ahead of print]